"Les documents bilingues sont inutiles, le bilinguisme est inutile, en Alsace, maintenant que tout le monde comprend le français"

Il y a un bel exemple qui montre que cet argument est mauvais. Les Luxembourgeois comprennent tous le français, qui joue dans leur vie publique un rôle éminent. Pourtant ils parlent tous luxembourgeois entre eux, et la plupart lisent un journal en langue allemande et regardent une télé en allemand.

Comment donc ! On peut comprendre le français, savoir parler le français, et accepter encore d'entendre et de pratiquer une autre langue ?

Les Luxembourgeois sont des gens linguistiquement libérés. Je rêve d'une Alsace où tout le monde continuerait à savoir le français, mais où tout le monde continuerait aussi, ou recommencerait, à savoir le dialecte et l'allemand standard, comme c'est le cas au Luxembourg.

Une telle Alsace pourrait enfin jouer réellement le rôle qui est sa vocation : être un trait d'union entre les francophones et les germanophones, entre le monde roman et le monde germanique. Une politique linguistique coupable et sotte nous a jusqu'ici fait passer à côté. Le plus triste, c'est que la plupart des Alsaciens eux-mêmes ne se rendent pas compte de ce qu'ils y perdent.