"C'est l'alsacien qui est notre langue, pas l'allemand standard  !"

Absurde ! L'alsacien se parle, l'allemand standard est sa face écrite normale.

On peut écrire des poèmes ou des pièces de théâtre en alsacien. On n'écrit guère à ses parents ou à son conjoint en alsacien. On ne fait pas un compte-rendu de séance en alsacien. Mes parents et grands-parents, tous mes ancêtres connus s'écrivaient en allemand, lorsqu'ils s'écrivaient (car on voyageait moins, alors).

Dans les siècles passés, les noms des localités, des rues etc. se sont écrits en allemand - même si c'était parfois un allemand un peu teinté de dialecte. Il est absurde de ne mettre aujourd'hui que des noms en dialecte.

Les noms allemands de nos localités font partie de notre patrimoine au même titre que leur forme dialectale. Il n'y a pas à prôner Mílhüse au détriment de Mülhausen, Rappschwihr contre Rappoltsweiler, ou Sànne aux dépens de Sennheim : ce ne sont chaque fois que deux aspects complémentaires d'un même nom.

De toute façon, jouer le dialecte contre l'allemand standard, c'est l'un des signes évidents à quoi l'on reconnait ceux qui veulent la mort du dialecte.

Ces évidences doivent être rappelées aujourd'hui, en particulier à tous nos hommes politiques, qui n'ont pas de plus grande crainte que celle d'être considérés comme trop "allemands", voire "germanophiles" ! Nos voisins Luxembourgeois savent tous l'allemand, tous l'apprennent à l'école de façon efficace, et ils ne sont pas des "Alllemands", on ne les traite pas de "germanophiles". On pourrait penser - il serait normal - qu'une pareille crainte, qui pouvait avoir sa justification en 1945, n'existe plus de nos jours. Mais il faut croire qu'il existe encore suffisamment de gens qui haïssent le dialecte pour entretenir efficacement une crainte aussi puérile. Vivement que monte une génération nouvelle d'hommes et de femmes politiques qui soient enfin débarrassés de ces idées d'un autre âge - sans être "débarrassés" du dialecte en même temps.