Si le dialecte ne va pas très bien, c'est forcément la faute des autres.

L'homme politique qui n'ose pas dire que l'alsacien est un dialecte allemand, et qu'en ce sens l'Alsace est une région française de langue allemande, que lui-même est un citoyen français de langue allemande, a une bonne raison pour justifier sa pusillanimité : l'opinion publique n'est pas mûre pour entendre cela...

Le père de famille qui a renoncé à parler alsacien à ses enfants aura peut-être la lâcheté de rejeter la faute sur sa femme :Às wíll nít... La mère, ou peut-être les deux parents, diront que ce n'est pas possible, que les enfants répondent en français.

Les enfants diront que le dialecte, c'est la langue des vieux, que les copains ne le parlent pas, et que d'ailleurs l'instit est contre.

L'instit, même si au fond de lui il sait qu'avec le dialecte, c'est un bien culturel irremplaçable qui se perd, trouvera lui aussi d'autres responsables.

Il est clair que si chacun attend que tous les autres prennent l'initiative d'agir pour sauver le dialecte, on ne le sauvera jamais. Et ce ne sera pas la faute des autres, mais celle de nous tous.

Et si, chacun de son côté, nous décidions de faire quelque chose ? Si nous décidions de montrer un peu de courage, pour une fois ? - Non, pas pour une fois, mais une bonne fois, et pour longtemps !